RANDO MARTINIQUE-ÉCOLOGIE Cap Macré – Petit Macabou. La météo incertaine n’avait pas vraiment dissuadé les 69 participants partis en immersion le long du Littoral atlantique sur une courte portion de la Trace des Caps. Pas une goutte de pluie ! Nos randonneurs furent donc récompensés par les frissons de cette nuit étoilée où la lune, presque pleine, a joué à cache-cache avec quelques cumulus nimbus menaçants. Tous sont repartis satisfaits de cette virée nocturne, les esprits encore hantés par cette quasi pleine lune venue draper la première nuit de juillet 2023.
Plongés dans la pénombre forestière et guidés par le son endiablé des premiers campeurs de Cap Macré, nos valeureux noctambules s’enfoncèrent peu à peu sous la végétation clairsemée caractéristique des forêts du littoral sud. Une fois habitués à l’obscurité, les yeux vous guident tout le long d’un sentier éclairé par les lueurs de la lune au beau mitan des mancenilliers, poiriers, gommiers rouges et autres raisiniers qui peuplent l’arrière plage. Une aventure nocturne pleine de rebondissements, sous le regard vigilant du guide, à l’air libre, entre ciel, terre et mer. Petit à petit, l’air marin vient vous chatouiller les narines avec, de plus en plus perceptible, cette forte imprégnation d’un parfum de Sargasses. Pas de doute, après le passage de la tempête Bret, les Sargasses ont envahi le littoral entrainant une souffrance certaine pour ces quelques reliques de mangroves qui auront du mal à résister aux effets dévastateurs de leur décomposition.
Une courte halte après la Pointe Macré pour admirer le panorama lointain à travers les cactus géants avec, tout au fond, les faisceaux lumineux de la commune du Vauclin. Ce site regorge de joyaux naturels issus de l’histoire géologique de la Martinique, il y a plus de 25 millions d’années avec l’émergence de la Caravelle et de cet ensemble volcanique primitif du Sud.
Après une bonne heure de marche, la longue file indienne munie de lampe frontale atteint l’Anse Grosse Roche, bien connue pour sa plage mythique, ses roches volcaniques et sa falaise percée en forme de cœur. Lieu de prédilection des amoureux du camping sauvage, les souvenirs des vacances d’antan remontent, une époque révolue où des générations s’y installaient, bivouacs et dîners à la belle étoile, rêve de liberté et pêche diurne sous un ardent soleil. Un pur bonheur de jeunesse hélas disparu à jamais.
Au début de l’interminable plage de sable blanc, nos randonneurs ont pu éteindre enfin leur lampe-frontale et profiter des lueurs de la lune. Puis, c’est déjà l’ascension d’un chemin sinueux de pierres volcaniques qui mène à la Chapelle de la Vierge des Marins. Actuellement en cours de rénovation, cet édifice construit par des fidèles domine l’océan Atlantique et les paysages avoisinants.
La halte fut donc brève pour regagner la plage du Grand Macabou où, surprise, la marée haute a couvert le sentier. Pas de plan B, c’est le passage obligé les pieds dans l’eau pour traverser ensuite le sous-bois forestier qui longe l’Étang de la rivière Massel. Colonisée par un énorme amas de Sargasses, la plage du Grand Macabou a perdu de sa superbe d’antan et interpelle quant à la préservation de nos sites emblématiques.
C’est au son du tambour que René-Pierre, Jean-Marc et Jocelyne accueillirent triomphalement nos randonneurs rentrés à bon port, sous un abri improvisé au bout de la plage du Petit Macabou. Il est minuit passé et fort heureusement Cocoyo est déjà arrivé. Le parfum de son ti-nain morue vient couvrir la fatigue des jambes de cette escapade immersive au clair de lune.
Louis BOUTRIN